Prisonniers de guerre "indigènes"
Visages oubliés de la France occupée

Armelle Mabon

Après la débâcle de juin 1940, les combattants de l'armée française sont faits prisonniers. Tandis que les métropolitains partent pour l'Allemagne, les prisonniers coloniaux et nord-africains prennent le chemin des frontstalags répartis dans la France occupée. En avril 1941, près de 70 000 hommes sont internés dans vingt-deux frontstalags. Ces prisonniers nouent des contacts singuliers tant avec l'occupant qu'avec la population locale qui les réconforte, voire les aide à gagner les maquis ou la zone Sud. Lorsqu'en janvier 1943 le gouvernement de Vichy accepte de remplacer les sentinelles allemandes par des cadres français, ils se sentent trahis.
À la Libération, certains ont attendu très longtemps d'être rapatriés, tandis que le premier contingent arrivé en Afrique occidentale française a été massacré le 1er décembre 1944, à la caserne de Thiaroye, pour avoir osé réclamer les soldes de captivité. L'État français a fait croire à une rébellion armée pour camoufler l'ignominie et nie, encore aujourd'hui, les faits. Seuls l'exhumation des corps, le procès en révision, la réhabilitation de ces combattants et de justes réparations mettraient un terme à ce mensonge d'État.
Il fallait révéler cette histoire occultée qui donne la mesure de l'injustice, du déni d'égalité et du mépris dont s'est rendu coupable l'État français, durant l'Occupation, mais aussi par la suite...

Version papier : 23.00 €
Version numérique : 16.99 €
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Détails techniques
Collection : Cahiers libres
Parutions : 16/05/2019
ISBN : 9782348043437
Nb de pages : 308
Dimensions : 15.4 * 24.0 cm
ISBN numérique : 9782348044168

Armelle Mabon


Armelle Mabon est enseignante-chercheuse à l'université Bretagne Sud, membre du laboratoire TEMOS (CNRS FRE 2015). Elle a notamment publié Les Assistantes sociales au temps de Vichy (L'Harmattan, 1995) et L'Action sociale coloniale (L'Harmattan, 2000). Elle a codirigé L'Engagement à travers la vie de Germaine Tillion (Riveneuve, 2013). Elle est coauteure du documentaire Oubliés et Trahis. Les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains (Grenade productions, 2003).

Extraits presse

Voici un réquisitoire contre l'injustice subie par les soldats originaires des colonies françaises faits prisonniers par les Allemands après la débâcle de juin 1940. Alors que les soldats métropolitains sont répartis en Allemagne entre oflags et stalags, 70 000 " indigènes " se voient enfermés dans 22 frontstalags sur le territoire français. Ils y nouent bientôt des liens avec la population locale, certains rejoignant même les maquis. Mais la reconnaissance de la France libre, puis de la République, tardera - ou leur sera déniée.Une honte française.

2019-10-03 - Politis

 

Table des matières

Avant-propos
I. Défendre la métropole, une mission militaire et citoyenne

1. L'entrée en guerre de l'empire
Les leçons de la Première Guerre mondiale
L'esprit colonial dans l'entre-deux-guerres
L'empire dans la guerre
Les hommes partent
La fin tragique des combats
2. De la capture à une captivité singulière
La capture
D'Allemagne vers la France occupée
Les " frontstalags "
Les organismes chargés du règlement de la captivité
La Direction du service des prisonniers de guerre (DSPG)
La mission Scapini

Le service colonial français du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
Soldes et allocations
3. La vie quotidienne au " frontstalag "
Correspondance et contrôle postal
Le ravitaillement
Discipline
Les conditions sanitaires
Le travail des prisonniers
4. La solidarité nationale
De l'entraide à l'assistance organisée
Création de l'Assistance coloniale aux prisonniers de guerre
Organisation de distractions, de soutiens intellectuels et spirituels
Conductrices et assistantes sociales, de la duplicité à la résistance
5. Rencontre de peuples et de cultures
La solidarité locale
Du " marrainage " à l'évangélisation
Histoires d'amour
Persistance du souvenir
6. Les fins de captivité légales
Congés de captivité et libérations
Les rapatriements sanitaires
L'impossible retour
Les groupements de militaires " indigènes " coloniaux rapatriables
7. Lutter pour la liberté
Les évasions
Les filières organisées
Les relations avec la Résistance
La libération des " frontstalags "
Politiques de " blanchiment "
II. Trahison d'État et " mission civilisatrice "
8. Captivité " indigène " et collaboration d'État

Mise en place de l'encadrement français
Réaction des autorités françaises
Du côté des cadres
Du côté des prisonniers
Évolution de l'encadrement
9. La valse des propagandes
La propagande nationaliste allemande
La contre-propagande française
Illusions de la propagande
Et la France libre ?
10. Rapatriements, de la précipitation à une trop longue attente
L'encasernement
Le règlement administratif
L'organisation des rapatriements
Une trop longue attente
11. Thiaroye : un mensonge d'État
Les prémices
Spoliation des soldes de captivité
Le massacre
La construction du scénario d'une rébellion armée
Préméditation d'une hécatombe
La machination à l'œuvre

Le procès des " mutins "
Une instruction à charge
Une amnistie pour quel crime ?

Les conséquences de Thiaroye en métropole
12. Au retour, s'effacer ou lutter ?
Accueil et retrouvailles
L'aide au retour
L'utilisation des anciens prisonniers de guerre
13. La construction de l'oubli
Gommer les signes ostensibles
Le refus des unions mixtes
La hantise du métissage
Les enfants métis ou le racisme pour quotidien
Les oubliés de l'égalité
Conclusion
Notes
Sources
Bibliographie
Index des noms de personnes.