Agricol Perdiguier est l'homme qui a le plus fait pour populariser la grande geste du tour de France au XIXe siècle. En 1852, chassé par l'Empire parce que républicain, il rédige, au cours de son exil, ce classique de la littérature ouvrière que sont ses Mémoires d'un compagnon. Ce livre part du désir légitime de mieux faire connaître le paysage de la France travailleuse de cette première moitié du siècle, telle qu'à chaque étape un compagnon assoiffé de nouvelles connaissances pouvait le rencontrer et le vivre, ainsi que le détail de la pratique du compagnonnage, de ses rites et de ses coutumes. À l'époque, l'industrialisation massive constitue rapidement un immense prolétariat sous-payé, démuni de toutes les qualifications et de toutes les traditions qui formaient l'essence même du compagnonnage : celui-ci ne peut donc plus avoir le rôle irremplaçable, décisif, de ferment et d'organisateur qu'il avait joué jusque-là. Faute de modifier radicalement son esprit, ses habitudes et son recrutement, il était condamné à se couper de la majorité de la nouvelle classe ouvrière, et à ne plus représenter qu'une tradition pour une élite d'aristocrates ouvriers.
Agricol Perdiguier (1805-1875), compagnon charpentier du Devoir de Liberté, élu à l'Assemblée constituante en 1848, a défendu l'esprit du compagnonnage déclinant, divisé par des rivalités dépassées.
Introduction d'Alain Faure
Mon enfance
Mon séjour à Avignon
Le Tour de France
Annexes
I. Ce que le compagnonnage a été et ce qu'il doit être
II. Encore quelques mots
III. Bibliographie compagnonnique.