Ségolène Royal, Marine Le Pen, Christiane Taubira, Anne Hidalgo... Jamais les femmes n'ont été aussi présentes sur la scène politique française. Pourtant, la loi sur la parité n'a pas eu les effets attendus. Les médias, les politiques et les communicants continuent de véhiculer de nombreux stéréotypes. Pire : les clichés se renforcent lorsque l'" ordre genré " est contesté. Une candidate accède au second tour de l'élection présidentielle ? Une femme racisée se voit confi er un ministère régalien ? Deux femmes s'affrontent pour la direction d'un parti politique ou d'une grande municipalité ? À chaque fois, les schémas sexistes, et parfois racistes, reviennent sous la plume des commentateurs. Évaluées sur leur physique, soupçonnées d'agir par " émotion " et hâtivement taxées d'incompétence, les femmes sont systématiquement rappelées à l'ordre.
La persistance de cet ordre genré s'accompagne d'une évolution : la restriction du périmètre du " privé " et de l'" intime ". Ce sont les affaires pénales de Strauss-Kahn qui ont rendu possible ce déplacement. Mais, dorénavant, comme l'ont montré les polémiques sur les relations de François Hollande avec Valérie Trierweiler et Julie Gayet, les comportements sexuels ou amoureux licites des personnalités politiques sont analysés comme le signe de leur capacité – ou non – à gouverner.
S'appuyant sur les productions médiatiques, sur des entretiens avec de nombreux journalistes et sur ses observations des campagnes électorales, l'auteure fait apparaître la dimension genrée des hiérarchies de pouvoir et explore la définition contemporaine de la " bonne masculinité " en politique.
Frédérique Matonti, ancienne élève de l'École normale supérieure, est professeure de science politique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne. Elle est l'auteure de plusieurs livres, dont, à La Découverte, Intellectuels communistes. Essai sur l'obéissance politique (2005).
2017-03-12 - Lucie Fougeron - L'Humanité Dimanche
La professeure en sciences politiques Frédérique Matonti dissèque dans Le Genre présidentiel le traitement différencié des sexes en politique. Elle estime que la prééminence masculine persiste et que la visibilité récente des femmes politiques n'a pas fait reculer les stéréotypes sexistes.
2017-04-01 - Gaëlle Dupont - Le Mondes Idées
2017-06-15 - Olivier Doubre - Politis
Remerciements
Introduction
Qualités " naturelles " et ordre domestique
Signifier ou faire les rapports de pouvoir ?
Réceptions
1. Concrétude, proximité, corporéité : la politique autrement
Parité et visibilité des femmes
La politique autrement
Minorité, familiarité et économie symbolique
Martine Aubry " rejoint l'homme qu'elle aime "
Dissymétries
Presse généraliste, presse féminine, humoristes : corps et sexualité
Corps politiques féminins
2. Représentations, rumeurs et romance. La campagne de Ségolène Royal
Les conditions politiques et discursives d'une candidature
Stéréotypes et sexualisation
Sexualisation et retournement de cadrage
Rumeurs et cadrage Harlequin
Ressources inégales
3. Concurrences professionnelles et stéréotypes de la rivalité féminine
Télévangéliste
vs " mère-emptoire "
Crêpage de chignons et chemin des dames
La " nunucherie " en politique
Répétition : NKM
vs Anne Hidalgo
Corps féminins en caricatures
4. Genre, sitcom et " dédiabolisation " . Marine Le Pen ou le renversement du stigmate
Une organisation patrimoniale et sans cadres
Une présence banale
La combattante et le vieillard
Benjamine, mère et divorcée
À la recherche du
care
Nièce, blonde, sexy
Dallas à Montretout : l'information comme un
soap
Paradoxes du stigmate
5. De Rachida Dati à Christiane Taubira, diversité et racisation
Question raciale et diversité
De la méritocratie à l'intrigue : vers une politique de la vérité à la Française ?
Racisation et destins improbables
6. Scandale sexuel à la française : les affaires Strauss-Khan
Première séquence : l'homme à la Porsche
Deuxième séquence : les mots manquent
Troisième séquence : les femmes, les filles, les maîtresses et les plaignantes
Quatrième séquence : prostitution et " parties fines "
Fin de partie, entrée dans la fiction
7. Qui est le chef ? Virilité et genre présidentiel
Sarkozy : entre masculinité offensive et masculinité hégémonique
Normalité et masculinité hégémonique : Hollande en campagne
L'homme qui ne tient pas ses femmes
Tweet et
Feux de l'amour
Cravate et rondeur
Hollande
bashing
Chef de guerre
8. Adultère présidentiel
Avant
Closer : la naissance d'une rumeur
Photos et communiqué de François Hollande : quand parler ?
Hospitalisation et politisation
Cadrage Harlequin, le retour
Rumeurs et précédents
Femme vengeresse et femme de l'ombre
Conclusion.