Près d'un demi-siècle après la fin de son empire, la France demeure hantée par son passé colonial. Pourquoi une telle situation, alors que les autres sociétés postcoloniales en Occident travaillent à assumer leur histoire outre-mer ? Pour répondre à cette question Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire ont décidé d'ausculter les prolongements contemporains de ce passé à travers les différentes expressions de la fracture coloniale qui traverse aujourd'hui la société française. Ils ont réuni, dans cette perspective, les contributions originales de spécialistes de diverses disciplines, qui interrogent les mille manières dont les héritages coloniaux font aujourd'hui sentir leurs effets : relations intercommunautaires, ghettoïsation des banlieues, difficultés et blocages de l'intégration, manipulation des mémoires, conception de l'histoire nationale, politique étrangère, action humanitaire, place des DOM-TOM dans l'imaginaire national ou débats sur la laïcité et l'islam de France... Les auteurs montrent que la situation contemporaine n'est pas une reproduction à l'identique du " temps des colonies " : elle est faite de métissages et de croisements entre des pratiques issues de la colonisation et des enjeux contemporains. Pour la première fois, un ouvrage accessible traite de la société française comme société postcoloniale et ouvre des pistes de réflexion neuves.
Pascal Blanchard est historien, chercheur associé au Laboratoire communication et politique (CNRS), spécialiste du " fait colonial " et des immigrations. Il a codirigé l'édition des huit ouvrages du coffret Un siècle d'immigration des Suds en France (GRA, 2009) et des ouvrages tels Le Paris arabe. Deux siècles de présence des Orientaux et des Maghrébins en France (La Découverte, 2003), La France noire. Trois siècles de présences (La Découverte, 2011). Documentariste, il a proposé les films Paris couleurs (France 3, 2005) et Noirs de France (France 5, 2012) et il a été co-commissaire scientifique de l'exposition " Exhibitions. L'invention du sauvage " (2012).
Nicolas Bancel est historien, professeur à l'université de Lausanne, directeur du laboratoire plurisciplinaire Grissul et vice-président du groupe de recherche Achac (Association pour la connaissance de l'histoire de l'Afrique contemporaine). Il a co-dirigé Ruptures postcoloniales. Les nouveaux visages de la société française (La Découverte, 2010), Culture postcoloniale (Autrement, 2007), La fracture coloniale. La société française au prisme de l'héritage colonial (La Découverte, 2005) et Lyon, capitale des outre-mers. Immigration des Suds & culture coloniale en Rhône-Alpes & Auvergne (La Découverte, 2007).
Sandrine Lemaire, agrégée d'histoire est enseignante.
" A la fracture sociale qui brise la République risque désormais de s'ajouter une fracture coloniale. C'est la thèse d'un livre-événement que nos responsables politiques seraient bien inspirés d'ouvrir. "
LES INROCKUPTIBLES
" Une belle manière "d'affronter la crise identitaire" dans laquelle la France et l'école se trouvent plongées. "
LE MONDE DE L'ÉDUCATION
" La France en a-t-elle véritablement terminé avec son passé colonial ? [...] Cet ouvrage collectif démontre à quel point notre pays reste hanté par ce passé. [...] Alors les auteurs s'interrogent : existe-t-il une fracture coloniale ? Pour eux, ce "retour du refoulé" signifie que la France ne parvient pas à surpasser sa crise identitaire. Le signe d'une société qui doute de son avenir faute d'assumer son passé. "
ZURBAN
" Voici un livre intelligent, riche, construit, posé, qui remet les pendules à l'heure, à un moment où le débat sur le passé colonial de la France, souvent instrumentalisé à des fins politiciennes, revient en force dans l'excès et l'invective. [...] Dans ce climat délétère où la concurrence des victimes, des mémoires - et des musées ad hoc - remplace le travail d'historien, le premier intérêt de ce livre est de reposer quelques jalons sur ce projet clonial français qui s'intégrait parfaitement, au XIXème siècle, au discours républicain. "
TÉLÉRAMA
" Après Diên Biên Phu et la guerre d'Algérie, la France a du mal à digérer son passé colonial, contrairement aux autres sociétés post-coloniales en Occident qui, elles, tentent de l'assumer. C'est le constat des auteurs, historiens, qui s'appliquent à rechercher les raisons de cette différence et à ausculter les retentissements contemporains de ce malaise. Un essai qui ouvre une nouvelle réflexion. "
L'AMOUR DES LIVRES
" La lecturede La Fracture coloniale est éclairante et juste [...]. "
DNA
" Un ouvrage fondamental. "
AFRICULTURES
" Cet ouvrage [...] sera fort utile aux professeurs d'histoire comme à tout citoyen qui veut en savoir plus sur notre héritage colonial, si souvent nié ou occulté. "
CAHIERS PÉDAGOGIQUES
" Plus d'une vingtaine de spécialistes de toutes disciplines étudient les différents aspects de la fracture coloniale. [...] L'occultation du fait colonial n'a fait qu'exacerber les tensions dans la société. À l'inverse, comme le démontrent les auteurs de ce remarquable ouvrage, l'étude critique de l'héritage colonial peut éclairer des situations présentes. "
ALTERMONDES
" La Fracture coloniale tente pour la première fois d'analyser la société française d'aujourd'hui au prisme de son colonialisme d'hier. Un document incontournable. "
NOUVELLE VUE OUVRIÈRE
" La fracture coloniale est un ouvrage très riche et assez audacieux aux yeux d'un observateur belge, habitué à voir les français se voiler la face de mauvaise foi pour éviter les sujets qui remettent en cause un particularisme, "l'universialisme républicain" qui n'est ni des plus efficaces, ni des plus clairs, ni, du reste, des moins hypocrites si l'on en juge par la situation sociale des minorités culturelles et religieuses dans l'Hexagone. [...] on peut donc espérer que La fracture coloniale fendillera aussi quelques certitudesau-delà des frontières françaises, notamment dans quelques monarchies qui seraient assez avisées de redécouvrir leur propre passé colonial; elles y trouveraient sans aucun doute le coeur des ténèbres qu'elles se sont vouées à oublier en les plâtrant de gaudrioles... "
PARUTIONS.COM
2024-11-21 - PRESSE
Introduction. La fracture coloniale : une histoire française, par Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire
I. Histoire coloniale et enjeu de mémoire
1. Les origines républicaines de la fracture coloniale, par Nicolas Bancel et Pascal Blanchard
La promotion d'un " modèle français "
S'inscrire dans un mouvement républicain
Est-ce vraiment la République ?
2. Aux origines : l'indépendance d'Haïti et son occultation, par Marcel Dorigny
Aux origines de la fracture coloniale
Une défaite niée... et des " pères fondateurs " occultés
Une lente et progressive mise à l'écart
Une mémoire retrouvée ?
3. Quand une mémoire (de guerre) peut en cacher une autre (coloniale), par Benjamin Stora
Un drame périphérique
Des images sans histoires
La solitude des porteurs de mémoire
La guerre entre les victimes
4. L'Outre-Mer, une survivance de l'utopie coloniale républicaine ? par Françoise Vergès
Que sont les outre-mers ?
Une diversité propre aux outre-mers
Une histoire qui est une non-histoire...
Un sentiment de " pas assez "
5. Islam et République : une longue histoire de méfiance, par Anna Bozzo
La difficulté d'être à la fois musulman et citoyen français
Un héritage colonial : la surveillance sécuritaire
La fausse application de la loi de 1905 à l'islam algérien
6. L'histoire difficile : esquisse d'une historiographie du fait colonial et postcolonial, par Nicolas Bancel
Qu'est-ce que l'histoire coloniale et postcoloniale ?
La faible reconnaissance de l'histoire coloniale universitaire
Une illégitimité universitaire de l'histoire postcoloniale ?
7. Colonisation et immigration : des " points aveugles " de l'histoire à l'école ? par Sandrine Lemaire
Le manuel scolaire au centre du système
Une césure nette entre histoire nationale et histoire coloniale
Focalisation sur les épisodes traumatiques
Les lacunes de l'enseignement, terreau de la radicalisation ?
8. Trois musées, une question, une République, par Sarah Frohning Deleporte
Trois musées pour la mémoire " nationale "
La tâche difficile de la " destruction créative "
Entre " unité républicaine " et " crise nationale "
9. La République, la colonisation. Et après..., par Michel Wieviorka
Une association paradoxale
La France postcoloniale
La crise du modèle républicain d'intégration
Extension du domaine des débats
10. Sur la réhabilitation du passé colonial de la France, par Olivier Le Cour Grandmaison
L'" œuvre positive " de la France en Algérie
Du révisionnisme officiel
Le bon temps des colonies ?
11. La colonisation française : une histoire inaudible, entretien avec Marc Ferro
La République a trahi ses valeurs
Les " tabous de l'Histoire "
L'autocensure des citoyens et la censure des autorités
Les ornières du grand public sont structurelles
II. République, " intégration " et postcolonialisme
12. La République et l'impensé de la " race ", par Achille Mbembe
Décoloniser sans s'auto-décoloniser
Au-delà de la fin de la tutelle
Le miroir de la " francophonie "
Le difficile passage au cosmopolitisme
13. L'héritage colonial au cœur de la politique étrangère française, par François Gèze
La colonisation au service de la " grandeur de la France "
La " Françafrique " au cœur de l'État français
Les vieux démons coloniaux de la diplomatie française
14. Indigènes et indigents : de la " mission civilisatrice " coloniale à l'action humanitaire, par Rony Brauman
Altruisme et modernisation
Avancés et attardés
Propreté et rédemption
Pouvoir et valeurs
15. La France, entre deux immigrations, par Pascal Blanchard
Une construction de la différence... par le juridique
L'invention de l'indigène
Une histoire mythifiée...
16. Le " creuset français ", ou la légende noire de l'intégration, par Ahmed Boubeker
Les héritiers de l'exception coloniale
Une faim d'égalité sans lendemain ?
Le grand malentendu
17. L'ennemi intérieur : la construction médiatique de la figure de l'" Arabe ", par Thomas Deltombe et Mathieu Rigouste
L'essentialisation de l'Arabe musulman
Le ver est dans le fruit
Figures de l'ennemi, figures de l'ami
Discours sécuritaire et retour de l'imaginaire colonial
18. La réduction à son corps de l'indigène de la République, par Nacira Guénif-Souilamas
L'ordre patriarcal au service de l'ordre colonial, ou le " gouvernement des corps "
L'éternel indigène en sa réserve
Des rôles sexuels imposés
Les normes de l'indigénisation contemporaine
19. La banlieue comme théâtre colonial, ou la fracture coloniale dans les quartiers, par Didier Lapeyronnie
Une image imposée qui devient une identité revendiquée
Des mots pour le dire... - Une " déréalisation " en phase terminale...
20. Le retour permanent de l'Afrique au cœur des ténèbres, par Olivier Barlet
Un espace de contre-regard...
Désarmer la mauvaise conscience et la persistance du discours racial
Un travail collectif de déconstruction des préjugés
21. Sport, mémoire coloniale et enjeux identitaires, par Philippe Liotard
Des réminiscences coloniales dans le champ du sport ?
Ressentiment et identification au champion
Le nous et l'autre sportifs
" Racisme anti-blanc " ou rejet du fait colonial ?
22. La République face à la diversité : comment décoloniser les imaginaires ? par Patrick Simon
Les dissidents de la norme majoritaire
Le modèle français d'intégration et la vision pluraliste
Le rapport aux origines : ambivalence et discrédit
23. Les enseignements de l'étude conduite à Toulouse sur la mémoire coloniale, par Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire
La focalisation des mémoires sur l'Algérie
Une tendance à l'" ethnicisation " des regards sur la société française
Une forte demande sociale pour mieux connaître la période coloniale
Épilogue : De " notre " mémoire à " leur " histoire : les métamorphoses du Palais des colonies, par Arnauld Le Brusq
Hommage des richesses
La France au centre des cinq continents
Cosmologie coloniale
Tourner la page ?
Histoire fille de mémoire
Annexe 1. : Méthodologie de l'étude " Mémoire coloniale, mémoire de l'immigration, mémoire urbaine " menée à Toulouse en 2003, par Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire
L'enquête par questionnaire
Interviews des personnes ressources
Annexe 2. : Synthèse des principaux résultats de l'étude de Toulouse, par Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire
Une connaissance très faible de l'histoire coloniale
Une attente très forte de l'enseignement de l'histoire coloniale
Un jugement largement négatif sur la période coloniale
Un regard stéréotypé au cœur de relations intercommunautaires
Une demande majoritaire de socialisation de la mémoire coloniale
Une perception ambivalente des ex-espaces coloniaux
L'échec de l'intégration ?
Le tabou colonial au cœur de la société française ?
Bilan des supports de transmission de savoirs sur l'histoire coloniale
Les auteurs.