À partir d'une enquête sur le mouvement coopératif, les diverses approches de la propriété collective au XIXe siècle, l'étatisation soviétique, la socialisation espagnole de 1936 et la tentative de correction autogestionnaire des communistes yougoslaves, ce livre propose de penser un au-delà à la propriété productive, qu'elle soit privée/capitaliste ou collective. Il montre que, jusqu'ici, deux grandes formes de propriété collective ont été expérimentées : la coopérative et l'étatisation des moyens de production. Dans la première, le capital, même second, tend à reprendre le dessus en cas de succès de l'entreprise. Dans la seconde, elle induit une concentration du pouvoir excluant ceux au nom de qui elle a été réalisée. Ces échecs sont inhérents à la notion même de propriété : excluante et centralisatrice par nature. Même collective, une propriété reste un instrument d'oppression.
Le XXe siècle a été porteur d'innovations qui permettent d'envisager la disparition de la notion de propriété productive : les cotisations sociales, car elles contestent le régime de la propriété par l'imposition de règles de distribution des revenus, et le financement des actifs des entreprises par endettement, car il ouvre la voie à la disparition des fonds propres. Le prolongement de ces innovations permet de relativiser la notion même de propriété et d'envisager que travailleurs et usagers d'une unité de production puissent avoir sur elle un droit de codirection. L'unité productive devient ainsi un commun à côté d'autres communs assurant des tâches de financement des actifs, de mutualisation des investissements, de redistribution et de péréquation des revenus. C'est l'articulation de ces différents communs qui permet d'envisager la disparition totale de la propriété productive.
2018-05-04 - Erwan Manac'h - Politis
Nous n'avons jusque-là essayé que deux systèmes de propriété collective : la coopérative et l'étatisation des moyens de production. Pour l'auteur de Au-delà de la propriété, pour une économie des communs, il existe une troisième voie, celle de la non propriété. Rencontre avec l'auteur Benoît Borrits.
2018-06-26 - Pierre Jacquemain - Regards
2018-09-19 - Ballast
Au travers d'une synthèse historique remarquable, Borrits revient sur les dérives du mouvement coopératif et les raisons de l'échec de diverses expériences socialistes (le soviétisme, l'anarchisme espagnol, l'autogestion yougoslave...). Inspiré notamment par le régime de sécurité sociale tel qu'il avait été envisagé à la Libération, il propose ensuite une " économie des communs ", où les travailleurs et/ou les usagers gèrent une production socialement et écologiquement utile.
2018-11-01 - Jean-Sébastien Mora - Le Monde diplo
Dans un ouvrage stimulant, paru aux éditions La Découverte, Benoît Borrits suggère de reconsidérer notre rapport à la propriété productive. [...] Il s'agit de penser le commun comme la négation de la propriété productive, sous toutes ses formes, et de déployer une conception innovante du commun en tant qu'il s'oppose à toute forme de propriété.
2020-02-19 - Revue de métaphysique et de morale
Préface. Propriété ou commun ?
Introduction
1. Le mouvement coopératif
La coopérative et ses principes
Les coopératives de travail
Les coopératives d'usagers
Coopératives d'usagers ou de producteurs ?
Coopératives multicollèges
Même second, un capital reste toujours un capital
2. Socialismes du XIXe siècle
Louis Blanc et l'État initiateur
Proudhon contre l'État et la propriété
Marx et Engels : une position changeante
Jaurès et la tentative de dépérissement de l'État par la nation
3. Les révolutions du XXe siècle
L'Union soviétique : la propriété collective par l'État
Espagne 1936 : une révolution des conseils
4. La correction autogestionnaire
Les différentes phases de l'autogestion yougoslave
Un débat inachevé sur la " propriété sociale "
Le mouvement autogestionnaire français
5. La propriété collective est une impasse
Trois modèles de propriété collective
L'hypothèse de la non-propriété
L'articulation plan/marché/revenus
Innovations à l'actif du bilan de l'entreprise
Innovations au passif du bilan de l'entreprise
6. Socialisation par les revenus
De nouveaux développements des cotisations
La péréquation de la richesse produite et disponible
Vers un revenu d'existence ?
Sécuriser les salaires ?
Pour un débat démocratique sur la socialisation du revenu
Partage des rémunérations à l'intérieur de l'entreprise
7. Socialisation par le financement
Vers une société sans fonds propres ?
Une société sans fonds propres, comment ?
Quel système financier socialisé ?
Se débarrasser des marchés financiers
Budget socialisé et planification
8. L'irruption démocratique
Deux niveaux de pouvoirs
Représentation des usagers et retour de la valeur d'usage ?
Une planification spontanée ?
La faillite, limite de la démocratie
Conclusion
Notes
Sigles
Remerciements.