" Faire son deuil ", c'est l'impératif qui s'impose à tous ceux qui se trouvent confrontés au décès d'un proche. Mais se débarrasser de ses morts est-il un idéal indépassable auquel nul ne saurait échapper s'il ne veut pas trop souffrir ?
Vinciane Despret a commencé par écouter. " Je disais : je mène une enquête sur la manière dont les morts entrent dans la vie des vivants ; je travaille sur l'inventivité des morts et des vivants dans leurs relations. "
Une histoire en a amené une autre. " J'ai une amie qui porte les chaussures de sa grand-mère afin qu'elle continue à arpenter le monde. Une autre est partie gravir une des montagnes les plus hautes avec les cendres de son père pour partager avec lui les plus beaux levers de soleil. À l'anniversaire de son épouse défunte, un de mes proches prépare le plat qu'elle préférait, etc. "
L'auteure s'est laissé instruire par les manières d'être qu'explorent les morts et les vivants, ensemble ; elle a appris de la façon dont les vivants qu'elle a croisés se rendent capables d'accueillir la présence des défunts. Chemin faisant, elle montre comment échapper au dilemme entre " cela relève de l'imagination " et " c'est tout simplement vrai et réel ".
Depuis un certain temps les morts s'étaient faits discrets, perdant toute visibilité. Aujourd'hui, il se pourrait que les choses changent et que les morts deviennent plus actifs. Ils réclament, proposent leur aide, soutiennent ou consolent... Ils le font avec tendresse, souvent avec humour.
On dit trop rarement à quel point certains morts peuvent nous rendre heureux !
PRIX DES RENCONTRES PHILOSOPHIQUES DE MONACO 2016
PRIX DE L'ACADEMIE ROYALE DE LANGUE ET DE LITTERATURE FRANÇAISES DE BELGIQUE 2019
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Vinciane Despret est philosophe, chercheuse au département de philosophie de l'université de Liège. Elle est l'auteure de plusieurs livres sur la question animale qui font référence, notamment Bêtes et hommes (Gallimard, 2007) et Penser comme un rat (Quae, 2009). Elle a également publié, avec Isabelle Stengers, Les Faiseuses d'histoires. Que font les femmes à la pensée ? (La Découverte, 2011) et Que diraient les animaux... si on leur posait les bonnes questions ? (Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2012,2014).
2015-10-01 - Philosophie Magazine
"Faire son deuil" est devenu un dogme; Et sans doute une façon de se débarrasser des morts, lesquels ne l'entendent pas toujours de cette oreille. Avec les précautions universitaires d'usage, Vinciane Despret, philosophe à l'université de Liège, ouvre un gouffre sous nos pieds: "Les morts ne le sont que si on cesse de s'entretenir avec eux (...), la mort n'est pas une question de tout ou rien." Un bon livre pour faire le deuil de nombreux préjugés.
2015-10-14 - Frédéric Pagès - Le Canard enchaîné
Riche d'anecdotes tout aussi belles qu'étranges, la lecture de cette passionnante enquête est en elle-même un bonheur.
2015-11-01 - Le Point