Vous ne savez pas quoi lire cet été ?
Voici quelques conseils, par des auteurs et autrices de la maison ! Ils vous présentent leur dernier livre paru, un livre qui leur a servi de source ou permis d’aller plus loin dans leur réflexion et, enfin, un livre qui leur tient particulièrement à cœur. Bref, de quoi remplir votre besace et vous accompagner à la plage, aux champs ou sur les sentiers – lectures tout terrain !
Cette semaine, la parole est à Mickaël Correia.
"Dans Criminels climatiques, j’ai enquêté sur les trois multinationales qui régurgitent le plus de gaz à effet de serre au monde : Aramco, Gazprom et China Energy. Si ce trio était un pays, il incarnerait la troisième nation la plus émettrice, juste derrière la Chine et les États-Unis. Souvent méconnus, ces géants industriels déploient tout un arsenal de stratégies redoutables – corruption, néocolonialisme, lobbying, greenwashing, etc. – pour perpétuer notre addiction au carbone. Je me suis penché sur la manière dont ces entreprises criminelles attisent sciemment les flammes qui brûlent notre planète et élaborent dans l’ombre une véritable bombe climatique, mettant en péril toute l’humanité. Alors que les individus sont culpabilisés par le discours écologique du nouveau gouvernement macroniste, prônant la nécessité d’adopter des comportements individuels écoresponsables, ce livre entend désigner les réels responsables du chaos climatique et insiste sur l’urgence de les mettre définitivement hors d’état de nuire.
Nathaniel Rich est journaliste au New York Times. Dans Perdre la Terre, il raconte comment nous avons raté notre rendez-vous avec le climat dans les années 1980 : comment, malgré les efforts de plusieurs lanceurs d’alerte, y compris des pétroliers, rien n’a été mis en place pour stopper les dérèglements climatiques. Plus qu’un document qui met à nu la terrible force des renoncements, Perdre la Terre, par son style issu de la narrative non-fiction, a beaucoup nourri mon travail d’écriture pour mettre en scène des données climatiques et énergétiques, parfois âpres, et tenter de maintenir le lecteur en haleine.
Étant moi-même d’origine portugaise, ce livre résonne avec mon histoire familiale et personnelle. Il rassemble treize récits d’hommes et de femmes datant des années 1961-1974 qui ont lutté contre la dictature d’extrême droite de Salazar et refusé la guerre coloniale. On y découvre l’histoire des milliers de jeunes appelés et soldats qui ont déserté l’horrible guerre coloniale menée par le Portugal en Angola, en Guinée-Bissau et au Mozambique. Un conflit absurde prolongé après la période des indépendances par le régime salazariste, dont l’un des piliers était l’impérialisme colonial. C’est un pan méconnu de l’histoire de l’immigration portugaise, car l’État français a, dès la fin des années 1960, construit un discours officiel sur les Portugais qui seraient de « bons immigrés », travailleurs et dociles, en contrepoint des Algériens arrivés à la même période, perçus par l’État comme « non assimilables »."
Les livres cités :
Mickaël Correia, Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète, Paris, La Découverte, 2022.
Nathaniel Rich, Perdre la Terre. Une histoire de notre temps, Paris, Seuil, 2019.
Exils. Témoignages d'exilés et de déserteurs portugais, Paris, Chandeigne, 2022.