La révolution de février 1848 a mis fin à la monarchie de Juillet et inauguré la brève expérience de la IIe République. Mais trois mois après cet immense espoir, l'armée et les gardes mobiles ont brisé l'insurrection d'ouvriers et d'artisans parisiens, barricadés dans l'est de la ville. Pendant plusieurs jours, la République a bombardé et massacré les insurgés : 3 500 morts officiels, entre 12 000 et 13 000 selon les témoins. Plus de 12 000 déportés au bagne et ailleurs. C'est cette histoire tragique et oubliée que restitue ce livre.
À partir d'un étonnant corpus documentaire, les auteurs mettent en perspective l'ensemblede ces événements par la relation historique et montrent en quoi ceux de juin 1848, plus précisément, constituent un moment clé pour comprendre la mise en berne des utopies surgies de l'inachèvement de la Révolution française. En s'appuyant sur les récits méconnus de témoins, de George Sand à Karl Marx ou Pierre-Joseph Proudhon, ils rendent compte de ce temps d'ouverture exceptionnelle à l'espérance et à la liberté de penser, tout en retraçant la fatale succession des drames à travers lesquels cette société est passée du rêve au cauchemar. À la manière d'un reportage, ce livre met en scène la fabrique de l'histoire dans l'avènement de l'événement. Avec ses interprétations contradictoires à travers les perceptions qui se croisent, de manière souvent aveugle, dans le feu de l'action.
Michèle Riot-Sarcey, professeure émérite d'histoire contemporaine et d'histoire du genre à l'université Paris-VIII-Saint-Denis, est historienne du politique et du féminisme. Elle est notamment l'auteure de La Démocratie à l'épreuve des femmes. Trois figures critiques du pouvoir, 1830-1848 (Désirée Véret, Jeanne Deroin, Eugénie Ni-boyet) (Albin Michel, 1994), Le Réel de l'utopie (Albin Michel, 1998) et à La Découverte, de Histoire du féminisme (La Découverte, 2002, 2015), 1848, la révolution oubliée (avec Maurizio Gribaudi, La Découverte, 2008, 2009), et Le Procès de la liberté. Une histoire souterraine du XIXe siècle en France (2016).
Maurizio Gribaudi, directeur d'études à l'EHESS, est notamment l'auteur de Itinéraires ouvriers. Espaces et groupes sociaux à Turin au XXe siècle (EHESS, 1987) et Espaces, temporalités, stratifications (EHESS, 1999) et, avec Michèle Riot-Sarcey, de 1848, la révolution oubliée (La Découverte, 2008).
I. L'insurrection, le temps des possibles
1. Prologue
Signes avant-coureurs
Les banquets de la contestation
2. Paris s'embrase
Mardi 22 février : le banquet interdit Mercredi 23 février , matin : la révolution se trâme
Mercredi 23 février, 21 h 30 : la révolution éclate
Jeudi 24 février, petit matin : la révolution s'impose
Jeudi 24 février : l'abdication du roi.
3. La France bascule
Jeudi 24 février, fin de matinée
13 heures : la prise des Tuileries
Début d'après-midi : le sac des Tuileries
On brûle le trône
Fin de matinée : le gouvernement de la presse
13 h 30 : la dernière séande de la Chambre
La proclamation du gouvernement provisoire
Fin d'après-midi : à l'Hôtel de Ville !
Un gouvernement singulier
4. Quelle République ?
Une nuit de veille
Le gouvernement légifère
Mardi 25 février : la République sociale en question
Le rejet du drapeau rouge
Le 25 février dans les rues de Paris : la mansuétude du peuple
II. De mars au 15 mai : de la république sociale à l'impossible République
5. Les premiers pas de la IIe République
26 février : la République victorieuse
27 février : la proclamation solennelle de la République
28 février : la Commission du Luxembourg
L'effervescence des assemblées ouvrières
De mars à mai : urgences et tensions sociales
L'expérience des Ateliers nationaux.
6. Attente et affrontements
2 mars : la nouvelle République enterre ses morts
La " grande crainte " du communisme
16 mars : manifestation des " bonnets à poils "
17 mars : contre-manifestation populaire
Des fêtes aux saveurs de conflits
La presse dans les clubs, la liberté dans tous ses états
1848 en Europe : l'espoir du " printemps des peuples "
La mobilisation des " patriotes étrangers " à Paris - L'abolition de l'esclavage.
7. Les espoirs brisés
La rupture du 16 avril
Le spectre du communisme
20 avril : la fête de la Fraternité
L'élection de l'Assemblée constituante : un enjeu décisif
Agitation et tensions en province
23 avril : le triomphe de la République modérée
4 mai : la proclamation de la République
15 mai : l'invasion de l'Assemblée nationale
Un nouveau complot ?
21 mai : la fête de la concorde.
III. Juin 1848, l'insoutenable émeute
8. L'insurrection de désespoir
Anxiété et " attroupements séditieux "
Au centre des tensions : les Ateliers nationaux
La mobilisation du club des Femmes
Le retour avorté de Louis-Napoléon Bonaparte
21 juin : la fin des Ateliers nationaux
22 juin : premières barricades
23 juin : l'insurrection
23 juin, matin : tout est encore possible
23 juin, après-midi : vers l'irréparable
23 juin, le soir : scènes de guerre et atrocités.
9. Vaincre ou périr
La Commission exécutive est démissionnée
Cavaignac, chef de l'exécutif
Samedi 24 juin : " Paris n'est plus qu'un champ de bataille "
Dimanche 25 juin : des barricades aux fusillades, la lutte continue
Les combats continuent
L'affaire Bréa
L'affaire Affre
Entre-temps, des tractations sont ouvertes... L'assaut du faubourg Saint-Antoine.
10. Mort aux vaincus !
Le massacre n'en finit pas
Et pendant ce temps, à l'ouest, on fait la fête
Combien de victimes ?
Les gêoles de la République
Derrière Cavaignac, l'ombre de la réaction
Honneur aux vaincueurs
Déportation ou " transportation " ?
Épilogue : l'amnésie de la révolution
La fin de la IIe République
Effacement de la " République sociale "
Notes de l'ouvrage.