" J'aime bien les cochons. J'ai beau être encore une gamine, comme on me le rapelle souvent quand on veut m'empêcher de faire certaines choses que seuls les adultes peuvent faire. Je les aime bien, et j'ai des tas de choses à dire, moi, sur les cochons."
Pour Solenn, la vie est une drôle d'histoire. Moins rose que les cochons qu'elle fréquente en regardant travailler sa mère, Morgane, salariée dans une porcherie industrielle, et plus étrange que ce que semblent en percevoir les adultes. Avec son regard d'enfant, Solenn observe les adultes aux prises avec un travail quotidien éprouvant. Mais, à travers les yeux d'une enfant, les auteures de ce récit en disent beaucoup plus que tous les rapports officiels sur la réalité effrayante et absurde de l'agriculture industrielle et sur l'état de nos relations avec les animaux.
" Est-ce qu'on a tous les droits sur les animaux ? ", se demande Solenn. " Il y a des fois je me demande si on n'est pas des sauvages ", répond Morgane. Alors, au bout du compte, élever des animaux, manger de la viande, oui, mais pas à n'importe quel prix pour les éleveurs et pour leurs bêtes : " Parce qu'on peut être libres ensemble, ou prisonniers ensemble, c'est à nous de choisir. "
Christine Tribondeau a été longtemps salariée dans un élevage industriel en Bretagne.