Un si fragile vernis d'humanité
Banalité du mal, banalité du bien

Michel Terestchenko

On a pu espérer, un temps, que les monstruosités de la Seconde Guerre mondiale étaient derrière nous. Or partout, à nouveau, on massacre, on torture, on extermine. Comment comprendre cette facilité à entrer dans le mal ? Michel Terestchenko rouvre ici le débat, en complétant notamment la démonstration de Hannah Arendt. Héros ou salaud ? C'est toujours une décision initiale, à peine perceptible, qui décide du côté dans lequel, une fois engagé, on se retrouve in fine.
Qu'est-ce qui explique cette décision ? L'enquête de Michel Terestchenko montre combien est stérile l'opposition entre tenants de la thèse de l'égoïsme psychologique et défenseurs de celle d'un altruisme sacrificiel. Ce n'est pas par " intérêt " que l'on tue ou que l'on torture. Ni par pur altruisme que l'on se refuse à l'abjection.
Les travaux qui analysent les phénomènes de soumission à l'autorité, de conformisme de groupe ou de passivité face à des situations de détresse invitent à repenser les conduites de destructivité. À partir de recherches récentes en psychologie sociale et en s'appuyant sur des exemples historiques particulièrement éclairants, l'auteur propose de penser les conduites humaines face au mal selon un nouveau paradigme : celui de l'absence ou de la présence à soi.


Version papier : 13.00 €
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Détails techniques
Collection : La Découverte Poche / Sciences humaines et sociales n°263
Parutions : 04/10/2007
ISBN : 9782707153265
Nb de pages : 308
Dimensions : 12.5 * 19.0 cm

Michel Terestchenko

Michel Terestchenko

Michel Terestchenko, maître de conférences de philosophie à l'université de Reims, est l'auteur de plusieurs ouvrages de philosophie morale et politique, dont Un si fragile vernis d'humanité. Banalité du mal, banalité du bien (La Découverte/Poches, 2007), salué comme l'un des essais les plus importants de l'année 2005. Il est également l'auteur d'un blog michel-tereschenko.blogspot.com

Extraits presse

Que des gens normaux, ni particulièrement sadiques ni dénués de sens moral, puissent se muer en criminels en série, voilà bien le fait nouveau que nous apporte le XXe siècle. Une révélation d'autant plus inquiétante qu'elle nous renvoie à notre présent - de la Bosnie à la Tchétchénie - aussi bien qu'à nous-mêmes. D'où vient cette facilité des hommes à entrer dans le mal ? Par quels mécanismes un individu ordinaire peut-il être amené à s'en remettre à une autorité exigeant de lui des comportements destructeurs, que ce soit au nom de l'ethnie, de la religion, ou même de la croissance économique ? C'est cette énigme persistante que Michel Terestchenko prend à bras-le-corps dans Un si fragile vernis d'humanité, un des essais les plus remarquables de la rentrée. Mais après s'être penché sur Les violences de l'abstraction, ce philosophe discret et singulier ne se contente pas ici, d'emboîter le pas à Hannah Arendt. De même que ce ne sont pas toujours des purs salauds qui se livrent à l'abjection, de même n'est-il pas besoin d'être un héros pour accomplir le bien. Cette position n'a l'air de rien ? Elle révolutionne nos représentations les mieux ancrées. [...] Cet essai est important, qu'on le lise comme un rappel à l'humilité ou une invite à la résistance, c'est-à-dire à la " consistance ". Deux vertus qui, de nos jours, ne sont plus guère au programme.

2005-10-14 - Alexandra Laignel-Lavastine - Le Monde des Livres

 

" Pourquoi une situation conduit-elle d'excellents pères de famille à massacrer des civils ? Comment expliquer l'obéissance à un ordre reçu dans certaines circonstances de l'Histoire et en faire la théorie générale ? Voici qui est au centre du travail remarquablement documenté du philosophe Michel Terestchenko. "
LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN

" [Une] réflexion qui, tout en insistant sur la "banalité du mal", n'oublie pas non plus -et même rappelle opportunément- que les hommes savent aussi, dans certaines circonstances, faire le bien et mettre en oeuvre la sollicitude pour leurs compatriotes écrasés par l'adversité. "
ÉTUDES

" Certains bourreaux ont été pris dans un engrenage qui les a privés de leur libre arbitre, aveuglant leur conscience. En face, "la plupart des sauveteurs agissaient parce qu'ils devaient agir, qu'ils ne pouvaient pas faire autrement", mus par une nécessité intérieure sans aucun calcul d'intérêt personnel ni de gloire, souligne ce livre profond. "
FAMILLE CHRÉTIENNE

" Aujourd'hui, après le smassacres des khmers rouges, le génocide rwandais et et les charniers de Yougoslavie et d'ailleurs, [Michel Terestchenko] repart sur les chemins balisés par Arendt pour sonder davantage l'étiologie du mal. Au-delà de la perpétuation de l'espèce qui est loi de nature, l'homme, constate-t-il, cherche à donner un sens à sa vie. Mais ce vernis d'humanité est aussi très fragile. "
L'EXPRESS

" Toute la richesse du livre est là. Il nous montre que, entre le camp du bien et le camp du mal, la ligne de démarcation est très, très mince. Il obéit au principe de précaution. Prendre conscience de notre fragilité, n'est-ce pas la meilleure manière de s'en prémunir... "
LA PROVENCE

" [Un si fragile vernis d'humanité] essaye de comprendre le chemin qui mène à des voies violentes et inhumaines. [...] Soumission à l'autorité, effet de meute, absence à soi, autant de thèmes évoqués sans compassion particulière, mais avec raison. "
L'HUMANITÉ

" Voici un livre, de lecture extrêmement agréable, qui fait un apport très original à la morale pratique et dont les conséquences devraient amener chacun d'entre nous à la réflexion. On ne peut qu'en conseiller vivement la lecture à tous les publics. "
REVUE PHILOSOPHIQUE

" Il faut remercier l'auteur pour cette réflexion de grande allure. "
L'HOMME

2024-11-21 - PRESSE

 

Table des matières

Introduction : D'une vision de l'homme tout bonnement fausse
I. Destructivité, passivité et absence de soi
1. Sous l'amour-propre, la fragilité de l'identité humaine

La dénégation systématique des vertus
La critique du désir de gloire
La dissolution de soi
Le vrai portrait de l'homme
Le désir de reconnaissance et le théâtre de la cruauté
2. Et pourtant, le sens moral existe bien
La généalogie de la morale d'après Bernard Mandeville
La doctrine du sens moral chez Hutcheson
Le sens moral
L'apparence de la vertu
Le paradigme de l'amour des parents
Une conception non sacrificielle de l'altruisme
La bienveillance générale
La notion de " générosité restreinte " chez David Hume
L'impossible universalisation de l'éthique du sentiment moral
L'actualité de la notion de sens moral
3. Franz Stangl, commandant du camp de Treblinka, ou l'engrenage de la dégradation
Le cas Franz Stangl
Le devoir de comprendre
La progressive corruption d'un être
L'affectation au programme nazi d'euthanasie
La nomination dans les camps de la mort en Pologne
Treblinka
Une conception purement abstraite de la liberté
La conscience face aux actes
Un ultime mais partiel éveil de la conscience
La " zone grise "
Brève comparaison entre Franz Stangl et Rudolph Höss
Le piège de la soumission
Une humanité inconsistante
4. Des tueurs ordinaires
Les hommes du 101e bataillon de réserve
Le massacre de Jozefow
Tentative d'explication
Les massacres reprennent
Leur sort après la guerre
La soumission à l'autorité
Le courage d'affronter le mépris d'autrui
5. La soumission à l'autorité
Une question dont on voudrait qu'elle n'en soit pas une
Dix-huit variantes d'une expérience cruciale
Analyse
État agentique, état autonome
Le discours de la nécessité et l'idéologie du bien
Les débats contemporains
6. L'expérience de la prison de Stanford
L'institution totalitaire
La dépossession de l'image de soi
La prison de Stanford
L'arrestation et la mise en détention
Premières manifestations de rébellion
La visite des proches
Rumeur d'un projet d'évasion
La commission de libération conditionnelle
Éléments de typologie
La fin prématurée de l'expérience
Analyse
Perte de l'identité propre et absence à soi
Influence du " milieu " et responsabilité individuelle
Les sévices commis dans la prison d'Abou Ghraib
Le rapport d'enquête et l'analyse des causes
7. Psychologie de la passivité humaine
L'affaire Kitty Genovese
De la fumée dans la pièce
Une femme en détresse
Des enfants ne se battent pas ainsi
Une attaque d'épilepsie
Influence, mais non déterminisme des facteurs sociaux
II. Altruisme et présence à soi
8. L'imposture extraordinaire de Giorgio Perlasca

Quelques indications biographiques
Le faux diplomate
9. Égoïsme et altruisme, où il est montré que la première hypothèse ne se vérifie pas
Comment attaquer la forteresse de l'égoïsme psychologique ?
Trois théories de la motivation psychologique
Le conflit des préférences
L'empathie mise à l'épreuve
La théorie de l'égoïsme psychologique comme idéologie
10. André Trocmé et la cité-refuge du Chambon-sur-Lignon
Brève biographie du pasteur André Trocmé
Le refus de toute compromission morale
La mobilisation au secours des réfugiés juifs
" Il n'est pas d'homme qui soit juste devant Dieu "
Les motivations éthiques et spirituelles du couple Trocmé
Des " amateurs inspirés "
L'éthique de la vie et de la mort
11. La personnalité altruiste
L'enquête de Samuel et Pearl Oliner
La personnalité altruiste
Typologie des motivations altruistes
Compassion et protestation
L'altruisme et la réfutation du formalisme en éthique
12. Henry Sidgwick ou l'impossible obligation d'agir de façon altruiste
Les enjeux de la pensée de Henry Sidgwick
La question éthique
Une méthode, deux méthodes
Les contradictions de John Stuart Mill
Psychologie et éthique
La preuve introuvable
Le conflit des rationalités
Les apories insurmontables de l'utilitarisme
13. Altruisme et moralité
L'énigme de l'obligation altruiste
Au commencement était le miracle
Le processus et l'engagement
La disposition à l'autre
La loi du cœur
L'altruisme au regard de l'éthique kantienne du devoir
L'antinomie de l'éthique de l'engagement et de l'éthique du devoir
La mise en question de soi selon Emmanuel Levinas
Critique d'une conception sacrificielle de l'altruisme
14. La " belle âme " ou la réserve de la grâce
L'altruisme comme dépense et non sacrifice de soi
Etty Hillesum, du repli à la réserve
L'action et la grâce
La manifestation du Bien.
Conclusion : La vie, mais pas à n'importe quel prix !
Bibliographie.