En janvier 1966 naît à Cuba la Tricontinentale, organisation regroupant les forces " anti-impérialistes " d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Au total, se retrouvent à l'hôtel Habana Libre quatre-vingt-deux délégations de pays décolonisés, de mouvements de libération afro-asiatiques et de formations de guérilla d'Amérique latine. Et même les frères ennemis du " camp socialiste ", Chinois et Soviétiques. Parmi ceux qui ont contribué à préparer cette rencontre historique : Mehdi Ben Barka, Che Guevara, Ahmed Ben Bella, Salvador Allende, Hô Chi Minh, Amílcar Cabral ou Douglas Bravo... Les États-Unis sont au cœur des accusations, du fait de la guerre qu'ils mènent au Viêt-Nam et de la mobilisation de la CIA pour décapiter les groupes présents à La Havane.
Roger Faligot retrace ici l'étonnante épopée de la Tricontinentale, qui marqua l'actualité mondiale des années 1960. Un récit aux nombreuses révélations grâce à une enquête de grande ampleur, nourrie des témoignages de survivants recueillis sur quatre continents, des archives de la Tricontinentale à Cuba ou de celles de l'administration américaine. On y trouvera des portraits inattendus de nombreuses figures de l'époque, comme Guevara, Ben Barka ou Joséphine Baker. Et des éclairages originaux sur l'enlèvement de Ben Barka, la tentative de " troisième voie " de Fidel Castro ou le rôle du général de Gaulle pour sauver les rescapés de la colonne Guevara en Bolivie, dont Régis Debray.
Une fresque sans équivalent, à l'écriture romanesque mais toujours rigoureuse, qui passionnera tous ceux et celles curieux de découvrir une époque mal connue, dont les échos résonnent encore aujourd'hui...
Roger Faligot, reporter et romancier, est l'auteur d'une quarantaire d'ouvrages sur l'histoire contemporaine, dont La Résistance irlandaise (Maspero, 1977); La Piscine (1985), Le peuple des enfants (2004), Histoire secrète de la Ve République (avec Jean Guisnel et Rémi Kauffer, La Découverte, 2006). Les services secrets chinois (2008), La Rose et l'edelweiss (La Découverte, 2009), Paris, nid d'espions (2009), Les sept portes du monde (Plon, 2010), Histoire politique des services secrets français (avec Jean Guisnel et Rémi Kauffer, La Découverte, 2012) et Tricontinentale 1964-1968 (2013).
2013-12-15 - L'Alsace
Il fut un temps où nul ne pensait que l'émergence des pays du tiers-monde ne serait que la répétition de l'invention du capitalisme. En pleine guerre froide, malgré elle ou grâce à elle, des pays avaient conquis leur indépendance. Et, il semblait naturel de s'appuyer sur ces pays pour transformer le monde. L'axe de la nouvelle révolution avait alors deux pôles, Alger et La Havane. Fédérer les mouvements de libération des peuples, pour combattre les vieux colonialismes et le nouvel impérialisme américain, sans pour autant dépendre de Moscou ou de Pékin... Ce rêve a marqué les années 60, fondant un nouveau romantisme révolutionnaire. Ce n'était, du reste, pas seulement un rêve. Roger Faligot retrace l'histoire de la Tricontinentale, alliance du tiers-mondisme et du marxisme, conçue par le président algérien Ben Bella, l'opposant Mehdi Ben Barka et le révolutionnaire mythique, Ernesto Che Guevara. Ces hommes avaient un but, mettre fin au colonialisme et à la domination impérialiste, l'unité venant de la méthode: la lutte armée qui avait permis le triomphe de la révolution en Algérie et à Cuba. [...] Roger Faligot rend ses couleurs à la dernière aventure révolutionnaire, ultime lueur de l'utopie avant le triomphe mondial du capitalisme.
2014-01-04 - Guy Konopnicki - Marianne
Che Guevara, Salvador Allende, Hô Chi Minh, Ahmed Ben Bella, Mehdi Ben Barka, Amilcar Cabral, Douglas Bravo, Turcos Lima, Régis Debray ou Joséphine Baker ce sont les "rouges" des années 60. En janvier 1966, à Cuba, les forces "anti-impérialistes" des trois continents, Afrique, Asie et Amérique latine, ont formé l'organisation de la Tricontinentale. Pendant un mois, l'hôtel Habana Libre devient le quartier général de la révolution mondiale, avec 82 délégations de pays décolonisés de mouvements de libération afro-asiatiques et de formation de guérilla. L'Amérique de Lyndon Johnson est au coeur des accusations, à cause de la guerre qu'elle mène au Viêt-Nam et de mobilisation de la CIA pour décapiter les groupes présents au Habana Libre. Roger Faligot retrace dans ce livre l'étonnante épopée de la Tricontinentale, qui marqua l'actualité mondiale quand "le fond de l'air était rouge". Son récit fourmille de révélations. On y trouve des portraits inattendus et des éclairages originaux sur l'enlèvement de Ben Barka, la tentative des "troisième voie" de Fidel Castro ou le rôle du général de Gaulle pour sauver les rescapés de la colonne Guevara en Bolivie, dont Régis Debray.
2014-01-04 - Ouest France
En janvier 1966 se tient à La Havane une conférence de solidarité entre les peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Dix ans après le sommet des non-alignés de Bandung, dans la foulée des indépendances africaines et de la révolution cubaine, tout le gratin de la révolution mondiale se retrouve dans la capitale cubaine où naît la Tricontinentale. On y croise une multitude de délégations de pays récemment décolonisés, de mouvements de libération, de groupes révolutionnaires hostiles au néocolonialisme, d'URSS et de Chine, des intellectuels, des écrivains et des artistes comme Alberto Moravia, Mario Vargas Llosa, Régis Debray ou Joséphine Baker. L'auteur de l'ouvrage, Roger Faligot, présente, non sans empathie, une galerie de portraits des protagonistes. Il s'attache ainsi à Amilcar Cabral, le fondateur du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (Paig), au trio Mehdi Ben Barka, Ahmed Ben Bella, Che Guevara. Les concepteurs de ce forum entendaient combattre le vieux colonialisme et le nouvel impérialisme américain, sans pour autant dépendre de Moscou et de Pékin. À La Havane, les trois leaders charismatiques ne sont pas là : Ben Barka a disparu à Paris, Ben Bella a été renversé, Che Guevara tente de relancer la révolution dans l'ex-Congo belge. D'autres reprennent le flambeau. Pendant trois semaines, dans l'ancien hôtel Hilton, le Habana libre, les participants sont unanimes à condamner l'impérialisme américain et " oublier " les tensions opposant l'URSS à la Chine. En affirmant que ce qui a été réussi à Cuba peut l'être ailleurs et que les États-Unis n'accepteront jamais de perdre l'Amérique latine, Fidel Castro donne le ton : tôt ou tard, les peuples du sud du continent devront prendre les armes pour se libérer. Un an plus tard, la Tricontinentale diffusera un texte de Che Guevara appelant à créer " deux, trois, plusieurs Vietnam "...La conférence – l'Organisation de solidarité avec les peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine (Ospaaal) – verra le jour mais la deuxième prévue en 1968 n'aura jamais lieu. " Le bilan politique est contrasté ", écrit Roger Faligot, les pertes des combattants, tombés sous les coups de la répression étatique, ont été effroyables, les services spéciaux américains (CIA et NSA), omniprésents dans leur chasse à la Tricontinentale, considéreront comme autant de succès l'élimination de ses leaders et poursuivront leurs basses œuvres avec les dictatures latino-américaines. Roger Faligot note encore avec justesse que les relations " très particulières de Cuba avec le monde africain ont eu pour ces deux partenaires des conséquences durables ". Les mouvements de libération du continent " n'ont pas oublié le soutien des Cubains ". Ce dont témoignera le président Mandela, consacrant l'un des premiers voyages, en 1990, à une visite à Fidel Castro.
2014-01-24 - Bernard Duraud - L'Humanité
Avant-propos. 1966, l'" heure des brasiers "
I / Le rêve de Ben Barka (avril 1964-octobre 1965)
1. Le trio Ben Bella, Guevara, Ben Barka
2. Walt Rostow et le Comité 303 de Washington
3. Nguyên Van Trôi et les larmes de Fidel
4. Sartre, un Vénézuélien, une Iranienne
5. Les Africains de Cabral cachés à Paris
6. On the road : Guevara l'Africain
7. Osmany Cienfuegos et l'œil de Berlin
8. Mission : abattre Senghor !
9. Un guérillero vaut 10 000 dollars
10. La tirade du Che dans la Ville blanche
11. Guevara et Ben Barka, à l'ombre des pyramides
12. Le Che, " Don Quichotte " au Congo
13. Viêt-Nam, Saint-Domingue, même combat !
14. Au Ghana, l'embryon de la Tricontinentale
15. Ben Bella chute, Guevara en échec
16. Le piège tendu à " Monsieur Dynamo "
17. La Tricontinentale naît au Caire
18. L'axe secret Prague-La Havane
19. Coup d'État : Djakarta ne répond plus...
20. Lettre du Che au Théâtre Chaplin
21. Ben Barka enlevé à Paris
II / Cabral, star du Habana Livre (novembre 1965-octobre 1966)
22. Invités, Joséphine Baker et Aimé Césaire
23. Fini le Congo, vive la " Trico " !
24. Régis Debray et cinq cent douze délégués
25. La colonne " Patrice Lumumba " en renfort
26. Les reclus du Habana Riviera
27. " J'ai deux amours : Paris et Cuba ! "
28. La Palestine au Habana Libre
29. Rostow, éminence grise à la Maison-Blanche
30. Réveillon, révolution et cigares Cohiba
31. Tous avec Fidel et Turcios Lima !
32. Habana Libre, tour de Babel
33. L'Ouzbek du Kremlin contre les Chinois
34. Amílcar Cabral envoûte la conférence
35. L'œil de la CIA sur la Tricontinentale
36. Régis, Oswaldo et les " douze apôtres " de l'OLAS
37. Un " Cuba libre " à la mémoire de Ben Barka
38. " Castro a tué le Che "
39. L'éternel retour des guérilleros au pays
40. 1966, les missions spéciales du duel Cuba/États-Unis
III / Révolution dans la révolution ? (mars 1966-novembre 1966)
41. Procès Cubela : échec de la CIA face à la Tricontinentale
42. Révolution dans la révolution ?
43. " Créer deux, trois... de nombreux Viêt-Nam "
44. Sur les traces de Bolívar, guérilla en Bolivie
45. Le " gorille " sauve Régis Debray
46. " 99 % de chance : Guevara est mort ! "
47. Mai 68, la faute à la Tricontinentale !
Conclusion. La part rebelle du monde
Sources
Remerciements
Index.