On dit des murs qu'ils ont des oreilles, mais sait-on qu'ils murmurent ? Celles et ceux qui, depuis le milieu du XIXe siècle, s'emploient illégalement à y laisser des traces – avec force craie, charbon, feutre, pinceau ou bombe aérosol – l'ont bien compris : les murs nous interpellent. Avec leur ironie revêche, leurs espoirs tronqués, leur fantaisie abrupte, ils font écho à des paroles enfouies au plus profond de nous. Ils portent les mots qui, inscrits là sans destination ni droit de cité, sont livrés à tous les regards et " contaminent " l'espace public, troublant ainsi l'ordre du discours.
La folle et jouissive collecte textuelle d'Yves Pagès – plus de 4000 graffitis urbains du monde entier des cinquante dernières années, fidèlement retranscrits, datés et localisés – forme une mémoire inédite. Une mémoire de la joie virale du bon mot, de l'énergie politique gratuite, de l'audace minuscule, de la poésie mineure et éphémère, des marges de la syntaxe, de l'invention maladroite, du plaisir de l'inachevé. On pourra dévorer ce livre en respectant son avancée chronologique, s'y perdre par associations flâneuses d'idées, en extraire à mesure son propre florilège ou, tout simplement, l'ouvrir n'importe où et se fier au seul hasard d'un cadavre exquis.
2017-11-15 - Jean-Luc Porquet - Le Canard enchaîné
Ici, c'est surtout l'art du bon mot ou, au contraire, la syntaxe malhabile qui sont mis en avant, que le propos soit politique, poétique ou franchement cryptique, et qu'il soit inscrit sur les murs de Paris, Nantes, Lisbonne ou sur la place Tahrir. (...) Tiens, ils ont repeint ! se veut le trait d'union entre toutes les inventions textuelles malicieuses que des anonymes ont bien voulu partager dans l'espace public.
2017-11-21 - Adrien Franque - Libération
Avec une patience infinie, Yves Pagès a chaussé les bottes de l'archéologue afin de collecter à travers le monde plus de 4 000 formules éphémères, plus ou moins heureuses mais comme autant de dissidences verbales au regard d'un contexte politique, d'événements, de rapports sociaux. Sont légion les calembours maladroits, les jeux de mots potaches, les citations tronquées, les inventions foutraques d'un nouveau langage, les cris d'espérés ou de désespérés, les inventions lexicales alcoolisées. Cette mémoire inédite et humoristique contamine le lecteur : résonnent en lui la joie et l'énergie dont ces mots sont porteurs.
2017-12-01 - Ballast
" Décroissant au petit déjeuner ", " Nous sommes tous des cas difficiles ", " Les sans-dents peuvent-il mordre ? ", " Sauvons les patrons, devenons bénévoles ", " Ne pensez pas trop fort "... Ces aphorismes et quelque 4000 autres ont été collectés par l'écrivain et éditeur Yves Pagès, qui traque depuis une douzaine d'années les mots écrits à la marge, sur les murs des villes. Des "graffitextes " clandestins aux accents contestataires, humoristiques, poétiques, rêveurs ou rageurs qu'il compile au gré de ses explorations, ou qu'il " chine " pour les plus anciens. Anonymes et éphémères, ils sont ici présentés par ordre chronologique, de Mai 68 à aujourd'hui. Soit un réjouissant " catalogue raisonné de nos déraisons collectives ", fautes, ratures, ajouts ou commentaires inclus.
2017-12-15 - Le Monde des livres
S'ils disent en filigrane la continuité des révoltes et la permanence du besoin d'expression, le hasard de leur ordonnancement sur la page inscrit aussi ces propos anonymes dans une lignée artistique : celle des cadavres exquis surréalistes. [...] L'ouvrage se savoure ainsi comme un hommage à I'inventivité des mots merdeux et offre un contrepoint jouissif à l'esprit de sérieux qui leste parfois le street art.
2018-01-03 - Stéphanie Lemoine - L'Oeil
Préface : Graffitextes, mode d'emploi
Récurrent
Commentaire
Biffure
Ajout
Inachevé
Tel quel (en français)
Traduit.