L'Afrique subsaharienne est le berceau de l'humanité. Ce petit livre fait le point sur une histoire au moins aussi variée et passionnante que celle des autres continents et s'attache à déconstruire un à un les grands clichés qui continuent de nourrir les imaginaires occidentaux ; ceux qui font de l'Afrique un continent subalterne, à part, irrémédiablement à la traîne.
Or l'Afrique, depuis toujours, influe sur le reste du monde. Elle lui a fourni main-d'oeuvre, or et matières premières, qui ont joué un rôle essentiel dans la mondialisation économique. Elle a développé, au fil des siècles, un savoir parfaitement adapté à ses conditions environnementales, savoir qui fut taillé en pièces par l'extrême brutalité de la colonisation, pourtant si brève au regard de l'histoire longue. Mais, si on lui a beaucoup pris, l'Afrique a aussi donné, avec une formidable vitalité.
Catherine Coquery-Vidrovitch dégage les étapes cruciales de l'histoire africaine et met en avant, pour chacune d'elles, les idées essentielles et originales. L'objectif de ce livre est aussi, et surtout, d'aider à comprendre le présent afin d'en dégager des perspectives d'action pour l'avenir.
Catherine Coquery-Vidrovitch, née en 1935, est une historienne spécialiste de l'Afrique, professeur émérite de l'université Paris-Diderot. Elle est l'auteure de nombreux ouvrages, dont, à La Découverte, Petite histoire de l'Afrique. L'Afrique au sud du Sahara de la préhistoire à nos jours (2010) et Être esclave. Afrique-Amériques, XVe-XIXe siècle (avec Éric Mesnard, 2013).
2011-01-14 - Libération
Catherine Coquery-Vidrovitch propose un petit précis d'histoire de l'Afrique qui met l'accent sur les acquis récents de la recherche tout en offrant une vision globale d'une histoire longtemps ignorée. Devant l'ampleur de la tâche l'auteur a choisi une entrée thématique. Ce que certains pourront qualifier de survol présente un grand intérêt pour le non-initié et propose des pistes d'approfondissement grâce à des renvois bibliographiques sélectionnés et judicieux.
2011-01-15 - Christiane Peyronnard - Les Clionautes
On pourrait considérer que le livre de Catherine Coquery-Vidrovitch constitue tout entier une réponse implicite au trop fameux discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, en juillet 2007. La réplique est même explicite lorsque l'auteur écrit que l'Afrique " contribua autant que les autres continents à l'histoire du monde ". Accessoirement, elle rappelle aussi, dans le sillage du Sénégalais Cheikh Anta Diop, que " l'Égypte est en Afrique ". Et que c'est en Haute-Égypte, proche de la Nubie, peuplée d'africains noirs, que prit forme " une splendide civilisation, dont les racines plongeaient au sud autant qu'au nord ". Mais ce serait abaisser le travail de Catherine Coquery-Vidrovitch que de lui prêter uniquement le dessein de répondre à un discours qui prétendait que l'homme africain " n'est pas assez entré dans l'histoire ". L'éminente spécialiste de l'Afrique a une toute autre ambition. En un peu plus de deux cents pages, elle retrace l'histoire du continent depuis Toumaï, ce squelette d'hominidé datant de huit millions d'années, découvert en 2001 au Tchad, jusqu'à nos jours. C'est une histoire matérialiste déterminée par le perpétuel combat de ces peuples avec la nature. Une histoire longtemps rurale que la belle érudition de l'auteur rend lumineuse.
2011-02-03 - Denis Sieffert - Politis
Une gageure : raconter l'histoire de l'Afrique subsaharienne de la préhistoire à nos jours en 200 pages ! L'auteure, spécialiste du continent noir, s'en tient aux étapes cruciales et met en avant idées-forces et interrogations stimulantes. Après des débuts prometteurs marqués par la domestication de l'agriculture ou l'ingéniosité des forgerons, présents dès le VIIe siècle avant J.-C. des rives du Niger à la région des Grands Lacs, comment se fait-il que " l'initiative des changements historiques ait échappé durant deux millénaires aux Africains eux-mêmes " ? L'universitaire pointe " l'absence surprenante " des techniques anciennes d'irrigation - sauf chez les paysanneries riveraines du Nil - malgré la présence de fleuves qui comptent parmi les plus puissants du monde. Au passage, elle dénonce le concept de " guerre ethnique " appliqué aux conflits actuels pour le pouvoir et la terre, qui s'appuient sur des revendications identitaires reconstruites et manipulées. Essentiel pour décrypter l'histoire récente du Rwanda ou de la Côte d'Ivoire. L'Afrique, souligne l'auteure, a contribué autant que les autres continents à l'histoire du monde. Elle lui a fourni un outil monétaire majeur, l'or ; et sa richesse humaine réduite en esclavage. Sans parler de son rôle de fournisseur de matières premières indispensables à l'industrie européenne. Tendances lourdes qui ont contribué à façonner les États africains contemporains.
2011-03-01 - Yves Hardy - Alternatives Internationales
C'est l'un des - nombreux - intérêts de cette Petite histoire de l'Afrique: sortir ce continent de la "périphérie du monde" où le cantonnent ces pairs. "La façon de penser collectivement le soi et l'autre fut en Afrique, comme partout ailleurs, remaniée de génération en génération, héritée en partie des matériaux très anciens mais toujours combinés à de nouvelles inventions." Sans nier "la succession impressionnante de déboires", l'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch fournit des clés historiques, des mises au point sur la notion d'ethnie ou la période de l'esclavage, et rappelle l'influence immémoriale de cette terre sur le monde. Une synthèse vivace, engagée, passionnante.
2011-03-01 - Emmanuel Riondé - Regards
Catherine Coquery-Vidrovitch, l'une des meilleurs spécialistes de l'histoire africaine, signe ici un ouvrage didactique, accessible au profane, qui embrasse sur la longue durée les grandes étapes de l'histoire de l'Afrique. N'en déplaise à Nicolas Sarkozy, avec ses élucubrations sur l'homme africain, le continent berceau de l'humanité a bien une histoire et les sources écrites et non-écrites pour l'étudier sont abondantes, nous rappelle l'auteure. [...] Avec la sensibilité qu'imprime à l'ouvrage sa connaissance des réalités africaines contemporaines, l'auteure invite au fond, à une réflexion sur les apports du continent au mouvement du monde.
2011-03-25 - Rosa Moussaoui - L'Humanité
Il était une fois un président de la République française qui déclara que les Africains n'étaient pas encore entrés dans l'histoire. En rédigeant ce petit livre, Catherine Coquery-Vidrovitch espère contribuer à déconstruire ce cliché assez répandu. L'Afrique a une histoire et celle-ci ne date pas du temps des colonies. C. Coquery-Vidrovitch estime qu'elle n'est pas moins riche que celle des autres continents. L'erreur classique est de penser que l'Afrique était formée, dans les " temps anciens ", uniquement de peuplades isolées les unes des autres. Au contraire, elle abritait un grand réseau d'échange et de circulation de biens et de personnes ouvert sur le monde. Depuis des siècles, l'Afrique est en effet située au cœur de l'économie mondiale. Par exemple, écrit l'auteur, " sans l'or du Soudan occidental et du Zimbabwe, sans l'émergence interne de puissantes formations politiques qui en contrôlaient les processus d'échange, (l'économie mondiale) ne se serait pas développée de la même façon ". En effet, sans cet instrument monétaire majeur qu'est l'or, dont l'Afrique fut pendant longtemps le principal pourvoyeur, le monde n'aurait-il pas suivi une autre voie ? De même, la traite des esclaves, " vieille comme le monde ", n'a pas pris racine dans un continent amorphe. C. Coquery-Vidrovitch décrit en effet comment l'exploitation de cette main-d'œuvre servile, dont le monde entier a profité pendant des siècles, s'inscrit dans des destructions et restructurations des systèmes politiques et économiques locaux. Là encore, la longue histoire de l'Afrique est faite de conquêtes, de guerres, de conflits divers, d'alliances politiques, de royaumes et d'empires. En somme, le continent africain, qui n'a jamais été coupé du reste du monde, a depuis très longtemps été constitué d'un ensemble de systèmes économiques et politiques en évolution permanente. Vaut mieux le savoir avant de discourir sur l'Afrique.
2011-04-01 - Thomas Lepeltier - Sciences Humaines
Synthèse de recherches qui ont bouleversé les connaissances sur la préhistoire, l'environnement et les peuples du continent ces dernières décennies, cet essai insiste utilement sur le très long terme, en soulignant combien la colonisation fut brève, malgré ses énormes incidences politiques et culturelles.
2011-05-01 - Augusta Conchiglia - Le Monde diplomatique
Introduction
1. Méthodes et sources
La construction européenne de l'Afrique
Du racialisme au racisme
Les sources
2. Les origines
3. L'environnement et les peuples
Le relief et la circulation des hommes
Un continent insalubre ?
Climat et végétation
Le sol et la sagesse agraire
L'évolution de la population
Variations pluviométriques et poussées démographiques
" Ethnies " et tribalisme
4. L'évolution des structures sociales
Une économie rurale de subsistance
Des sociétés inégalitaires
Castes et esclaves
Le rôle essentiel des femmes
5. L'Afrique au sud du Sahara dans l'histoire de la mondialisation
L'or
La main-d'œuvre
Les matières premières
6. Les grandes étapes de l'histoire africaine jusqu'au XVIe siècle
L'Afrique au sud du Sahara, de l'Égypte ancienne à l'or médiéval
Du commerce de l'or aux grandes traites esclavagistes : XIIe-XVIIIe siècle
7. L'esclavage africain
La traite des noirs proprement dite
Les plantations esclavagistes
L'esclavage noir et les traites africaines
Les conséquences sur le continent africain
8. L'indépendance africaine au XIXe siècle
L'Afrique occidentale
Économie et politique en Afrique orientale
9. L'ère coloniale et les transformations sociales de longue durée
L'Afrique du Sud
Le XIXe siècle colonial
La conférence internationale de Berlin
La première phase coloniale : vers 1885-vers 1930
La seconde phase coloniale
La modernisation de l'exploitation
10. Décolonisation et indépendance
La longue maturation des États africains contemporains
L'indépendance : une conquête
La périodisation
Les femmes, avenir de l'Afrique ?
Villes, gouvernance et démocratie
Conclusion
Brève orientation bibliographique
Table des cartes.