Chaque année, le quart du PIB mondial est produit aux États-Unis par une population qui représente moins de 5 % de celle de la planète. Le rapprochement de ces deux chiffres donne une idée de la puissance de l'économie américaine. Elle n'est d'ailleurs pas seulement la plus productive des grandes économies développées, elle est aussi celle où s'inventent en permanence de nouveaux produits, de nouveaux services comme de nouvelles façons de produire.
Pourtant, son efficacité et sa capacité d'innovation ne parviennent plus à masquer un dysfonctionnement inquiétant : depuis les années 1970, l'économie américaine peine de plus en plus à produire... du progrès social. Pire même, depuis une vingtaine d'années, les signes de régression se multiplient. Comment s'explique cette situation paradoxale ? Ce livre propose un survol de l'histoire et des structures de l'économie américaine qui éclaire les problèmes auxquels elle est aujourd'hui confrontée.
Anton Brender est professeur associé à l'université Paris-Dauphine. Il a publié dans la collection " Repères " La France face aux marchés financiers (2004) et La France face à la mondialisation (4e éd., 2004). Économiste chez Candriam Investors Group, il a également publié avec Florence Pisani, chez Economica, Les Marchés de la croissance (2001) et La Nouvelle Économie américaine (2004) ; enfin, dans la collection " Repères ", Les Déséquilibres financiers internationaux (2007), La crise de la finance globalisée (2009), La crise des dettes souveraines (nouvelle éd., 2013), Monnaie, finance et économie réelle (2015), L'Économie américaine (2018) et Capitalisme et progrès social (2020).
2018-03-16 - Guillaume de Calignon - Les Echos
Introduction
I / Une économie pionnière
Une trajectoire économique exemplaire
Une préférence pour le libéralisme
Les avancées sociales du New Deal - La guerre contre la pauvreté - Une panne du progrès social
Un partage du revenu de plus en plus inégal
La fin du rêve américain
II / Une économie " tertiaire "
Un important mouvement de prix relatifs - Une " tertiarisation " due au poids accru d'un petit nombre de secteurs
Le rôle de la dépense de consommation des ménages
Une baisse du poids des achats de biens de consommation - Une stabilité des dépenses de logement - Une hausse du poids de services financiers... - ... et des services de santé
Le rôle de la demande des entreprises
L'externalisation, source d'une consommation intermédiaire de services
Le rôle de l'ouverture sur l'extérieur
Une pression concentrée sur la masse salariale du secteur manufacturier
III / Évolution de l'emploi et montée des inégalités
La polarisation des créations d'emplois
Une croissance de l'emploi due au seul secteur des services - Des créations d'emplois dans les secteurs à rémunération faible... mais pour des métiers à rémunération élevée - La difficile émergence d'un " nouveau milieu "
Les facteurs d'une divergence accrue des rémunérations
Progrès technique et " prime " à l'éducation - Des " primes " d'entreprise - Des syndicats affaiblis - Une érosion du salaire minimum
Des inégalités toujours plus marquées... et plus durables
Des inégalités accentuées par la concentration des revenus du capital - Des inégalités faiblement corrigées par la mobilité - Le rôle décisif du plein-emploi pour l'évolution des revenus
les plus faibles
IV / Une politique budgétaire contrainte
Budgets des États et des collectivités locales et budget fédéral
La montée du poids des programmes sociaux - Impôt sur le revenu et contributions sociales,
principales ressources de l'État fédéral
Budgets publics et redistribution du revenu national
Une redistribution entre les États fédérés... - ... qui passe essentiellement par des contributions différentes au budget fédéral - Une redistribution entre ménages par l'impôt plus que par les transferts - Des grands programmes sociaux aux bénéfices assez également distribués -
Une aide sociale réduite aux besoins vitaux
Le budget, instrument du maintien du plein‑emploi
Du keynésianisme des années 1960... - ... au reaganisme des années 1980 - Le budget fédéral, stabilisateur en dernier ressort de l'activité
V / Une politique monétaire sollicitée à l'excès
L'endettement des ménages au cœur du réglage de la conjoncture
La mise en place d'un mécanisme de transmission de la politique monétaire
Un (bref) âge d'or de la politique monétaire
La Réserve fédérale apprend à communiquer avec les marchés obligataires - Le marché obligataire devient un puissant stabilisateur de l'activité - L'endettement des ménages monte continûment en réponse aux pressions déflationnistes
Une accumulation d'excès et d'imprudences
Des normes de crédit de plus en plus lâches - Une hausse continue des prix immobiliers - Une confiance aveugle dans la discipline de marché - Un dénouement catastrophique
VI / Un dynamisme perdu ?
Un potentiel de croissance affaibli
Un ralentissement marqué de la progression de l'offre de travail - Des gains de productivité plus faibles... - ... dus en particulier à une moindre productivité globale des facteurs
Une économie à basse pression
Un soutien budgétaire limité - Une transmission de la politique monétaire perturbée - Une politique monétaire de détresse - Une croissance désespérément faible
Le modèle américain en question
La difficulté d'un retour en arrière sur l'ouverture commerciale - Le retour des illusions de l'économie de l'offre - L'impossible retour d'une plus grande solidarité sociale
Conclusion
Repères bibliographiques.