" Être Algérien n'est pas une nationalité. Ce n'est même pas une identité. C'est un travail à temps plein pour lequel nous ne sommes pas encore payés. C'est une maladie dangereuse dont personne ne s'est jamais relevé. "
" Depuis jeudi, un jeune garçon de dix-neuf ans hésite à mourir, alors qu'une balle perdue a trouvé refuge au fond de sa tête. [...] Selon les théoriciens hargneux de la gendarmerie, la sentinelle de faction au niveau de la porte principale de l'établissement de réparation navale, situé au port d'Alger, a tiré un coup de sommation. "
Ce livre propose un regard singulier, et dévastateur, sur la société algérienne. Sid Ahmed Semiane, dit " SAS ", l'un des journalistes les plus mordants de sa génération, y a réuni une centaine de ses chroniques publiées dans le quotidien Le Matin de 1999 à 2002, mises en perspective par des textes inédits que le recul de l'exil rend particulièrement incisifs. Rédigées à chaud, au fil d'une actualité tragique, ballottée entre des cadavres anonymes s'entassant à la une des journaux et des mensonges d'État avalisés par un Occident complaisant, ces chroniques restent d'une brûlante actualité. Et elles révèlent une réalité proprement sidérante : sur la terre d'Algérie coexistent aujourd'hui deux pays, séparés physiquement l'un de l'autre. Le premier, riche, corrompu et arrogant, est celui du pouvoir, des généraux et de leurs affidés barricadés dans le fameux " Club des pins ". C'est surtout celui-là que connaît la France officielle, ignorant l'Algérie réelle, pauvre, meurtrie et humiliée, celle d'un peuple abandonné à son propre désespoir. Sur un ton caustique et révolté, avec un humour chargé de poésie, Sid Ahmed Semiane nous aide à déchiffrer ce désordre algérien qui désespère tant. Des mots terribles s'y bousculent : torture, disparus, généraux, émeutes, morts, intrigues, misère, terrorisme, putsch, chasse aux couples... Mais d'autres mots affleurent : rêve, démocratie, liberté, jeunesse, espoir, tendresse...
Né en 1971, Sid Ahmed Semiane est journaliste depuis 1989. Il a collaboré à plusieurs journaux algériens, dont le quotidien Le Matin de 1998 à 2002. Il vit depuis en exil en France.
" Ce recueil de chroniques qui se dégustent comme des pâtisseries douces-amères reprend quelques-uns des plus beaux coups de griffe de l'auteur, oscillant entre l'absurde, le nihilisme et la poésie. "
TÉLÉRAMA
" SAS est craint. Sa plume est à la fois épine, rage, poème, amour. De 1999 à 2002, à raison d'une chronique par jour dans le journal francophone Le Matin, le jeune homme a nargué "la première Algérie", corrompue et arrogante, celle des pouvoirs et des mafias [...]. SAS s'est posé derrière les tranchées. Il voit mieux, nous aussi. "
TEMPS
" L'ensemble des Chroniques (1998-2002) [de Sid Ahmed Semiane] constitue le livre le plus pertinent, caustique, redoutable, rédigé ces dernières années sur les deux Algéries - celle du Club des pins, lieu de rencontre des élites, et celle des hittistes (littéralement, ceux qui "tiennent les murs"). "
LE MONDE DIPLOMATIQUE
" Livre à lire si l'on veut comprendre pourquoi les Algériens sont frustrés, Au refuge des balles perdues, au-delà du burlesque, exprime la tragédie d'une population privée de liberté depuis qu'elle s'est libérée du système colonial et souffrant particulièrement de la violence des rapports d'autorité à travers une administration inhumaine et une justice insensible. Quel dommage que la presse algérienne perde un journaliste d'une telle verve et d'un style si alerte et si rafraîchissant. "
POLITIS
" Le 16 mai 2002, Sid Ahmed Semiane faisait ses "adieux " aux lecteurs du quotidien Le Matin, dont il avait rejoint la rédaction en 1998. Cet esprit libre, aiguisé, soucieux de vérité, dérangeait le pouvoir kaki à devanture civile régnant en Algérie. [...] Une centaine de ses chroniques (1999-2002) sont ici regroupées, réparties en quatre grands chapitres faisant chacun l'objet d'un vrai travail d'introduction. Mordant, polémique, essentiel, tel est le livre de SAS., aujourd'hui exilé en France. "
LA CHRONIQUE
2024-12-04 - PRESSE
Introduction : je suis un traite
Les chars d'octobre
Nous voulons enfin vivre
La mort et la presse algérienne
Le temps de la décadence et des mensonges
Le mythe de la " presse la plus libre "
L'atroce bégaiement de l'histoire
I. L'Algérie virtuelle, ou l'Algérie-Club des pins -
Club des pins, l'histoire d'un village
Les châteaux des décideurs
Club des pins, vivier de la corruption institutionnelle
Le nouveau Club des pins
De l'Algérie utile à l'Algérien futile
La prise de Club des pins
Erratum pour Honoris causa
Sid Ali Bounab : son bûcheron et ses journalistes
Alger, Delacroix à Chérif Rahmani
Excuses auprès des abonnés
Pour bouger en toute tranquillité
La démonstration démocratique
Deux ou trois choses avant la suite
Boumaza et la philosophie dans le boudoir selon Bouteflika
Dernières minutes avant les prochaines heures
Et si derrière chaque civil existait une solution ?
Pensée pour un décès de dernière minute
Le fabuleux destin d'Abdelaziz Bouteflika
La grande aventure du chaos
Retour aux sources de la guerre
L'Algérie sous surveillance médicale et électorale
II. L'Algérie réelle : " Algiré piyé fotu ! "
La tragédie d'un peuple
" Pour une vie ailleurs "
Asservissement, misère, drogues...
La peste et la guerre des jerricans
À quand les remboursements ?
Des chaises pour mourir debout dans une école
SVP, de l'opium et du cannabis pour le peuple !
Un peuple sans mains est un peuple sans problèmes
Le bar, les élus, les prostituées et la République
On ne veut pas de solutions
Laissez-nous nos problèmes !
La mort au bout du suicide
Des cimetières, des morts, des décharges et des ordures
Un Téléthon pour aider l'État
Quand un acte isolé tue les enfants ! Jeux interdits
Faites vos jeux. La cellule 10 a brûlé
Annonces classées
Pour vivre comme le peuple
Portrait d'un chriki, après les examens du bac
Une histoire de ratage
III. Crimes d'État : la terreur et la mort, outils de gestion sociale
Abbane Ramdane : premier assassinat politique, premier crime d'État
1992 : l'assassinat de Mohamed Boudiaf
La folie meurtrière du terrorisme d'État
Abbane, premier cas de manipulation médiatique
Tortures et dispartions
Revenons à nos moutons
Un cadavre pour chaque ministre
Le AH 1420 Air Ramadan
Fin de transmission, début du fascisme
La fulgurante traversée démocratique d'une balle perdue sans espoir
Recherche dans l'intérêt des disparus
Des lampes pour le peuple, SVP
Derniers résultats avant la finale
Un mardi soir sur la Terre
L'homme qui tendait les mains à bout de bras
La présidence communique
Quelques lignes de plus à propos d'Octobre
Pour vivre en apix dans un pays en guerre
Méfiez-vous des enfants de quatorze ans !
Des magnétoscopes à louer, des massacres à éviter
L'Algérie de l'éternel recommencement
Prochainement dans votre cimetière le plus proche
Pendant la prochaine répression, une autre victime est décédée
Évitez les questions, SVP
Comme d'habitude, week-end meurtrier
Pourquoi se suicider aux aurores ?
Le prix de la mort
La danse des cadavres
Histoire sans queue ni tête
Carré blanc
IV. Le pouvoir réel : généraux, opacité et corruption
L'organisation de la confusion
La Sécurité militaire, garant suprême et invisible du système
L'argent et la corruption, moteurs du pouvoir
Le cartel des généraux
Les droits de l'homme en général
La question
Qui faut-il juger ?
Petits conseils pour généraux désemparés
La fuite en avant, toute !
Faites comme le FIS, écrivez aux généraux
Le monde du TPI à TPS
Dites-le avec l'amour de l'intérêt national
DRS/Pentagone, même combat
Le général Touati et la réalité virtuelle de l'État
Le deuxième effet Sadi
République ou Khalifa ?
Comment expliquer sans peine l'interruption du processus électoral à votre enfant ?
Les interdits du Monde
Pourquoi l'eau n'ira-t-elle pas dans vos robinets ?
Comme d'habitude, on torture
Tout ce que vous ne direz pas sera retenu contre vous
Le pire des oscars
Le deuxième Tour de France
Même les fèves font des rêves
Nous aussi avons du mal à pardonner
Les adieux du samedi
Glossaires des personnes citées.