Commun, l'ouvrage de Pierre Dardot et Christian Laval, sort au format poche le 20 août prochain, en version papier et en numérique.
Commun, c'est une réflexion passionnante sur des formes démocratiques nouvelles et la sortie possible du capitalisme.
Car aucune chose n’est en soi ou par nature « commune ». C’est l’activité des hommes qui la soustrait aux logiques d’appropriation en la réservant pour l’usage commun, en fonction de la détermination collective de fins sociales.
Jean-Christophe Féraud dans Libération du 06/04/2014 :
« Avis aux non-communistes : tout est commun, même Dieu.» Le bon mot de Charles Baudelaire cité en exergue de ce volumineux pavé (600 pages) résume bien le propos de Pierre Dardot et Christian Laval. Respectivement philosophe et sociologue, ces deux spécialistes de Marx se sont lancés dans une folle aventure intellectuelle et politique : réhabiliter l'idée du «commun», c'est-à-dire du « vivre ensemble » par tous et pour tous. Plutôt optimiste en ces temps de « désolation » du collectif... Mais Dardot et Laval n'en sont pas à leur coup d'essai : ils avaient déjà publié en 2007 un Sauver Marx qui redonnait toute sa modernité à la pensée du prophète barbu. Leur « commun » s'écrit lui aussi sans « isme », et il n'est pas plus comptable que ce bon vieux Karl du désastre du « socialisme réel » au XXe siècle. Exit le procès en paléo-marxisme-léninisme. Envers et contre « l'hypothèque communiste », les auteurs ambitionnent de reconstruire une hypothèse du commun, pour paraphraser Alain Badiou. Alors que l'idéologie du marché s'impose partout, ils revendiquent le droit d'imaginer « un au-delà du capitalisme ». Car ce système tournant sur lui-même, au profit d'une infime minorité et au détriment de tous, est encore plus mortifère qu'il ne l'était au temps de Marx : l'exploitation n'est plus une fin, le turbo-capitalisme du XXIe siècle « est en train de détruire les conditions de vie sur la planète et conduit à la destruction de l'homme par l'homme », assènent Dardot et Laval. Accroissement des inégalités, appropriation des ressources naturelles, des espaces publics, du savoir et des réseaux de communication au profit « d'une petite oligarchie » ... Rien ne semble pouvoir arrêter « l'implacable logique » du néolibéralisme triomphant. [...] Au final, ce travail théorique impressionnant débouche sur une rhétorique néomarxiste que l'on jugera éculée ou d'une brûlante actualité. C'est selon. Reste cette interrogation: la force du verbe peut-elle encore faire chavirer ce monde comme elle renversa l'ancien ? »
Retrouvez les mises en avant de la rentrée 2015 :
* School Business // Les arabes, leur destin et le nôtre
* Au bonheur des morts // Une histoire de la modernité sonore